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N° 48 - juin 2013


EDITO

Par Benoit PERICARD,
Président de l'Institut Silverlife

Modes et méthodes

Faut-il réhabiliter les foyers logements ? A cette question, notre invité au petit déjeuner-débat que l'Institut organisait le 12 juin dernier avec la Gazette Santé-Social, François GEORGES, Président d'ACAPACE et fondateur des Jardins d'Arcadie, n'a pas hésité à répondre par l'affirmative. Et pourtant, qui parle encore des foyers logements, autrement que comme un mode d'hébergement dépassé, en voie d'extinction ? Et pourtant, qui aurait osé la comparaison entre ce qui fait penser à beaucoup à des résidences de luxe, inspirées de ces villages américains réservés aux riches séniors (et qui nous apparaissent plus comme des ghettos que des havres de sérénité) et des locaux exigus, vieillis, dans lesquels on imagine mal se voir vivre dans quelques années, alors même que notre état de dépendance ne nous dirigerait pas encore tout droit vers un EHPAD, nouveau passage obligé vers les Enfers de la Mythologie ?
Il faut dire qu'en posant le sujet de cette rencontre sous la forme d'une question provocante : "La fin des EHPAD", nous prenions le risque de réponses franches, sans langue de bois, et surtout sans référence à la mode. Car, ne nous y trompons pas, la mode existe, même dans les politiques publiques, et même dans le monde du vieillissement : le déferlement médiatique sur la silver économie en est la preuve, comme nous le disions dans la précédente newsletter, mais aussi "l'ehpadisation" massive au détriment de toute autre formule. Notre second invité, Michel BALLEREAU, du Groupe Le Noble Age, plaidait avec conviction que la seule réponse qui vaille consiste à répondre à la demande des personnes âgées et de leurs familles, quel que soit leur état, en offrant une large palette de services et de formules ; il demandait pour cela que l'on fasse confiance aux acteurs, aux promoteurs de projets, et que les organismes de tutelle, Etat, départements, ARS, troquent leurs postures de contrôleurs pointilleux pour une véritable contractualisation stratégique... Las, le changement ne serait pas seulement alors celui d'un revirement d'une mode , mais bien celui d'un changement de méthode, en profondeur !
En matière de méthode, qui oserait dorénavant remettre en cause l'évaluation d'une part et la transparence d'autre part ?
L'évaluation c'est l'exercice auquel s'est astreint, avec brio, Stéphane LE BOULER, en concluant nos échanges sur les EHPAD. Celui qui avait, du temps pas si lointain où un organisme public s'appelait le Commissariat Général au Plan, rédigé le rapport (*) qui fait encore date huit ans plus tard sur les besoins prospectifs d'hébergement des personnes vieillissantes, a reconnu que l'objectif quantitatif avait été atteint, pour ce qui concerne les EHPAD, mais il fustige l'absence d'une véritable stratégie qui aurait donné le cap et du sens ainsi que l'incapacité à imposer une véritable coordination gérontologique, fondement indispensable à toute politique de services aux seniors.
La transparence est aussi une méthode vertueuse : c'est au moins une garantie de l'exercice démocratique et le complément en continu du bulletin de vote sporadique. Elle est substantielle désormais à toute réforme en profondeur. Celle qui s'ouvre en matière de retraites est résolument placée sous le signe de la transparence : tout est mis sur la table par un rapport initial ; tout est discutable au sens positif du terme. Mais rien ne sera définitif, ni même tranché en profondeur, car, comme le dit lui-même le nouveau Secrétaire Général de la CFDT, le pays n'est pas mûr pour une réforme systémique.
Modes et méthodes de l'action publique... Si nous demandions aux plus jeunes de trancher, peut être feraient ils preuve de plus de sagesse, c'est-à-dire d'audace ! Car prenons garde qu'au niveau d'un pays, comme le dit le grand critique George Steiner, en évoquant son incapacité à tout comprendre en vieillissant, ne "vienne décembre en nous même" !

(*) Prospective des besoins d'hébergement en établissement pour les personnes âgées dépendantes - Premier volet : détermination du nombre de places en 2010, 2015 et 2025 : Stéphane Le Bouler, Commissariat au Plan.

Nous avons dû reporter notre projet de voyage en Corée ultérieurement faute d'inscrits en nombre suffisant : nous rechercherons les moyens de proposer cette indispensable ouverture sur le monde de manière compatible avec des ressources qui se font plus rares.

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Silver Economie et nouvelle médecine : et l'économie génomique ?
Par Lionel TOURTIER, Délégué général de l'Institut Silverlife

À l'occasion de leur dernière assemblée générale, nos amis du CTIP ont pris une initiative que j'ai jugée particulièrement intéressante : une table ronde sur le thème : "que nous réserve la médecine de demain ?". Parmi le panel d'expert, les interventions du neurobiologiste et chirurgien Laurent Alexandre et du professeur titulaire de la chaire "Innovation Thérapeutique" à l'Essec, Gregory Katz, m'ont particulièrement impressionné.
Prenant en considération les quatre technologies structurantes qui, dès à présent, font évoluer notre médecine - les nanotechnologies, les biotechnologies, la commutique du cerveau et l'informatique - ces deux experts démontrent qu'une véritable révolution va impacter fortement dans les deux prochaines décennies l'exercice de la médecine ainsi que notre rapport à la maladie.
Nous devons compter en effet sur un développement important de l'électronique médicale, sur l'essor de l'ingénierie de reprogrammation des séquences ADN (thérapie génique, cellules souches) et sur de nouveaux dispositifs médicaux comme les organes artificiels. Mais c'est surtout la puissance de calcul informatique (une puissance multipliée par 1000 tous les 10 ans) qui entraîne une forte capacité de digitalisation du génome : en 2020, nous serons tous "séquencés", ce qui veut dire que nous aurons une connaissance plus ou moins précise en termes de probabilité de notre destin médical. Car ce que nous apprennent les recherches effectuées sur le génome, c'est la présence dans nos chromosomes "d'interrupteurs" qui se déclenchent ou se ferment en fonction de notre environnement. Nous sommes donc en mesure de prévoir l'irruption de maladies, tel que le cancer, ce qui conduit à adapter notre style de vie pour éviter le déclenchement de ces interrupteurs. Ce séquençage, cette connaissance génomique, modifient les pratiques médicales : nous allons vers un traitement personnalisé et ciblé en fonction de nos marqueurs génétiques. Comme le souligne Laurent Alexandre : "on entre dans un monde ou l'ordinateur va supplanter le stéthoscope".
Les conséquences vont être telles qu'elles vont modifier très en profondeur l'exercice de plusieurs métiers, à commencer par celui du médecin. Un médecin isolé ne pourra plus intervenir sur ses patients sans le recours d'un intervenant en amont lui donnant toutes les informations génomiques. Le Big data va conduire à une médecine génomique et donc prédictive.
Les assureurs vont se retrouver face à une véritable rupture, car la connaissance d'un coefficient génétique dégradé leur donnera une mesure probabiliste et non plus statistique de leurs risques, ce qui entraînera de fait une remise en cause de la couverture sociale. En effet, dans un tel scénario, toujours selon nos deux experts, il ne peut y avoir deux assureurs : la Sécurité sociale d'une part, l'assureur complémentaire d'autre part ! On mesure la remise en cause de ce qui sous-tend aujourd'hui notre système d'assurance maladie.
En résumé, nous sommes sans doute à l'aube d'une mutation sociale et économique dont nous ne mesurons pas les bouleversements. Prenons d'abord notre rapport à la maladie. Comment allons-nous réagir psychologiquement face à notre destin médical ? L'exemple de la mastectomie décidée en toute conscience par Angelina Jolie, au regard des risques génétiques de sa famille, sera-t-il un encouragement pour nous, lorsque nous prendrons connaissance de notre propre séquençage ?
Dans une perspective du vieillissement, nous aurons davantage de leviers d'action en matière de prévention, ce qui conforte l'idée actuelle de mettre en place des "tables de fragilité" pour évaluer le risque de perte d'autonomie, tout en observant qu'elles seront vite dépassées en 2020 lorsque nous seront tous dotés de notre dossier génomique.
À ce stade se pose une interrogation pour nos deux experts : la France, dont la qualité de la médecine est reconnue dans le monde entier, a-t-elle pris ce virage technologique face au concurrent américain et même chinois ? En réalité, comme pour la 3ème révolution industrielle, nous sommes, selon nos deux experts, en train de passer à côté de cette évolution stratégique. En effet, la quasi-totalité des technologies concernant la génomique est développée aux États-Unis ; donc, nous serons bientôt tributaires de ces brevets et équipements made in USA. Autant de déficits potentiels dans nos échanges commerciaux et notre balance courante !
Certes, une enveloppe du "Grand emprunt" avait été dédiée à cette recherche. Mais quels en sont les résultats ? Sont-ils suffisants face à nos concurrents ou sommes-nous d'ores et déjà distancés ? On peut le craindre. De façon générale, plusieurs rapports ont soulevé dès 2003 les difficultés de notre système de recherche, en particulier avec une analyse du Cabinet Ersnt&Young sur les "génopoles". Pour un autre expert, Olivier Ezratty, "dans l'innovation et le capital-risque, on a coutume d'investir dans trois secteurs clés : le numérique, la santé et les écotechnologies. Pourquoi cette partie importante de l'économie génomique semble-t-elle ignorée par notre pays ? On retrouve bien dans le secteur de la santé des symptômes voisins de ceux qui affectent l'écosystème numérique : saupoudrage d'investissements d'origine publique, complexité du système, rivalités entre institutions publiques (INSERM, INRA, CEA, CNRS), liaisons difficiles entre grands labos et startups et frilosité des investisseurs privés. Mais la principale raison de l'absence française ne semble ni technologique, ni financière. Ce sont la peur et le principe de précaution. Comme pour les OGM, ils bloquent l'industrie française."
Alors que nous communiquons beaucoup, trop peut-être, sur les promesses de la Silver Economie dont on mesure encore mal le potentiel de croissance, nous passons donc à côté de l'économie génomique, pourtant plus proche de nous, car plus concrète dans ses retombées ; une économie d'ailleurs qui couvre en partie les questions de l'allongement de la durée de vie. Nos amis Canadiens dans leur plan d'action économique 2013 viennent de décider d'allouer un financement pluriannuel de 165 millions de dollars à la recherche génomique. Nul ne conteste l'intérêt des téléphones à grosses touches ; mais ne loupons-nous pas le coche en n'investissant pas suffisamment sur la génomique ?

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L'Institut est un lieu de réflexion, en même temps que de confrontation, sur les questions posées à la société et à l'individu par le vieillissement en France et en Europe. L'objectif de l'Institut est de dégager des propositions concrètes à des problèmes récurrents liés au vieillissement.

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Ont participé : Gérard BOUQUET, Pascal DIEBOLT, Gilles DUTHIL, Mohammed MALKI, Bruno RIVALS, Lionel TOURTIER
Réalisation : Ad tatum

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